Commémoration de l'Armistice du 11 novembre 1918

  • Par willems
  • Le dimanche, 13 novembre 2016

Comme moration armistice 2016 1

Cette année, en plus de la commémoration de l'armistice de 1918 et de tous nos morts au combat, nous nous souvenions de l'année 1916 et de sa terrible bataille de Verdun. Après une fin d'année 2015 et une année 2016 particulièrement douloureuses, nous nous rappelions également que nous vivons des temps troublés.
Aussi, il nous semblait important de partager le discours énoncé ce vendredi 11 novembre 2016 par Thierry Rolland Maire de Willems, qui nous aide à conserver vive l'Histoire dans nos mémoires : 

Commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918  

Madame, Mademoiselle, Monsieur

En ce jour du 11 novembre 2016 nous commémorons la Victoire et la Paix. Ce jour est l’anniversaire de l’armistice de 1918, il est aussi l’hommage à tous les morts pour la France.
Le moment que nous passons ensemble est celui de l’Unité et de la solidarité entre les générations : il parle aux générations qui ont connu le feu de la guerre, aux soldats d’active comme aux anciens combattants, à la population dans toute sa diversité.

Le 11 novembre 1918 annonçait la fin des combats qu’on n’espérait plus. Cette date mettait fin au long cortège de morts, de blessés, de mutilés, des veuves et des orphelins qui accompagnaient la Grande Guerre.

Commémorer le centenaire du premier conflit mondial, c’est répondre à la nécessité du souvenir, de l’hommage à ceux tombés avant nous pour la France et nos idéaux de liberté. Cette journée est pour cela, pour plus encore, l’expression de notre reconnaissance. Néanmoins, commémorer cette année le 11 novembre, ce n’est pas seulement se souvenir de la douleur des poilus ou de l’épopée glorieuse des aviateurs de Verdun, c’est aussi comprendre les droits des anciens combattants hérités de cette guerre.

En effet, dans l’urgence des combats, en 1916, la IIIème République crée l’OFFICE NATIONAL DES MUTILÉS et RÉFORMÉS qui deviendra l’OFFICE NATIONAL DES ANCIENS COMBATTANTS ET VICTIMES DE GUERRE dont nous célébrons le centenaire cette année.

Pour revenir à l’histoire,

Il y a cent ans, l’année 1916, est aussi le moment de deux faits majeurs : la bataille de VERDUN et la création de l’aviation de chasse.
En 1916 a lieu la bataille de Verdun, imposée par les Allemands qui veulent frapper un coup décisif à l’Ouest sur l’armée française et ils choisissent à cet effet le Saillant de VERDUN ! Mais ce théâtre d’opération révèle bientôt l’incontournable arme stratégique qu’est l’avion.
En effet, à Verdun, l’assaut répété des Fokkers Allemands détruit nos ballons et notre aviation d’observation, l’ennemi nous empêche de l’observer et donc de régler nos tirs d’artillerie.

Le général Pétain lance « Si nous sommes chassés du ciel, alors c’est simple, Verdun sera perdu » !
C’est pour défendre Verdun que sont apparus ceux qu’on a appelé les  « AS de l’aviation» : je pense à Charles Nungesser, Georges Guynemer, ainsi qu’au plus célèbre aviateur dans cette bataille aérienne: Jean Navarre qui gagna le surnom de « la sentinelle de Verdun ».

Commémorer le 11 novembre en cette année 2016, c’est aussi comprendre pourquoi cette histoire parle encore aux français.

Moi, j’ai pensé avec émotion à Gaston Biron. Il avait vingt-neuf ans en 1914, fils d’une famille de sept enfants, 6 sœurs qui sans doute ont toutes échappé aux combats. Voici les propos qu’il tient à sa mère six mois avant sa disparition dans une lettre :        

Samedi 25 mars 1916 (après Verdun)

Ma chère mère,

« […] Par quel miracle suis-je sorti de cet enfer, je me demande encore bien des fois s’il est vrai que je suis encore vivant ; pense donc, nous sommes montés mille deux cents et nous sommes redescendus trois cents ; pourquoi suis-je de ces trois cents qui ont eu la chance de s’en tirer, je n’en sais rien, pourtant j’aurais dû être tué cent fois, et à chaque minute, pendant ces huit long jours, j’ai cru ma dernière heure arrivée.

… A la souffrance morale de croire à chaque instant la mort nous surprendre viennent s’ajouter les souffrances physiques de longues nuits sans dormir : huit jours sans boire et presque sans manger, huit jours à vivre au milieu d’un charnier humain, couchant au milieu des cadavres, marchant sur nos camarades tombés la veille …

Tu as raison de prier pour moi, nous avons tous besoin que quelqu’un prie pour nous, et moi-même bien souvent quand les obus tombaient autour de moi, je murmurais les prières que j’ai apprises quand j’étais tout petit, et tu peux croire que jamais prières ne furent dites avec plus de ferveur… »

Le Mercredi 14 juin 1916
Rentré de permission, il constate désabusé et malgré lui :

« C’est presque sans regret que j’ai quitté Paris, mais c’est la vérité. Que veux-tu, j’ai constaté, comme tous mes camarades du reste, que ces deux ans de guerre avaient amené petit à petit, chez la population civile, l’égoïsme et l’indifférence et que nous autres combattants nous étions presque oubliés, aussi quoi de plus naturel que, nous-mêmes, nous prenions aussi l’habitude de l’éloignement et que nous retournions au front tranquillement comme si nous ne l’avions jamais quitté ?

…Je vais donc essayer d’oublier comme on m’a oublié, ce sera certainement plus difficile, et pourtant j’avais fait un bien joli rêve depuis deux ans. Quelle déception !

Adieu, je t’embrasse un million de fois de tout cœur. »

Mesdames et Messieurs,

Gaston Biron nous a quitté pour toujours un jour de septembre 1916 ; mais, je vous l’assure, il pourrait se relever avec honneur car son témoignage, presque malgré-lui, vit et nous transporte encore.

Cent ans plus tard,

Amir Shélazi est un artisan français d’aujourd’hui, anonyme jusqu’à maintenant, récemment revenu d’Irak où il combattait « Daech ».
Ce carreleur franco-kurde, contre l'avis de sa femme, mais accompagné de son père et d'un ami, a défendu à un moment clé, pendant près d’un mois, la région autonome du Kurdistan irakien contre les poussées de l'Etat Islamique.

De retour à Angoulême, voici ce qu’il déclare, comme s’il répondait à ses ancêtres les poilus :

« Il fallait combattre le terrorisme, mais surtout défendre la liberté à laquelle le peuple kurde goûte depuis si peu d'années. Puis, en partant là-bas, je défendais la France, aussi. Daech est une menace pour tout le monde, il fallait stopper à la source l'extension de cet Etat terroriste ».

En ce temps de paix troublée, souvenons-nous que la paix est précieuse pour nous, et nos familles. Souvenons-nous aussi du sang versé pour la conquérir.
Les commémorations des combats d’hier ne sont pas un folklore ; les batailles lâches, absurdes mais pour nous perdues de Charlie Hebdo, du Bataclan, ou de Nice cette année, nous rappellent que le don de soi, le courage, le respect d’autrui comme le respect de nos valeurs sont plus que jamais d’actualité et que nous devons être prêts à nous battre pour elles.

Mesdames, Messieurs remercions ces combattants, qu’ils nous gardent de la léthargie, qu’ils nous donnent la joie et le courage d’être des citoyens éveillés.

Vive la République, Vive la France.

Thierry ROLLAND
Maire de Willems
Le 11 novembre 2016